Le groupe de chimie Dupont, inventeur du Téflon, vient de présenter sa nouvelle génération de revêtements » basés sur des formulations chimiques plus propices au développement durable « . Comprenez que le procédé de fabrication ne nécessite plus de PFOA (acide perfluorooctanoïque), dont la toxicité est reconnue par l’Agence américaine de protection de l’environnement et l’Union européenne (effet cancérogène et sur l’enfant pendant la grossesse, baisse de la fertilité masculine). Une annonce attendue, le groupe s’étant engagé à ne plus utiliser de PFOA au plus tard en 2015, après un vaste scandale aux Etats-Unis dans les années 2000 qui lui a valu près de 400 millions de dollars d’amendes et de dédommagements. Il était alors apparu que la firme avait dissimulé des études internes sur la nocivité du PFOA, utilisé comme auxiliaire de polymérisation du Téflon, et qu’elle avait fortement contaminé les sols et les eaux autour d’usines américaines, ainsi que les organismes de ses ouvriers.
À des niveaux moindres, les consommateurs sont aussi exposés au PFOA. Pour rassurer leurs clients, certaines marques garantissent désormais que leurs poêles et casseroles avec un revêtement en Téflon sont sans PFOA. Cela signifie-t-il qu’on n’a plus de raison de s’inquiéter? » Des tests réalisés régulièrement depuis 2003 démontrent que les produits commercialisés par Tefal ne contiennent pas de PFOA « , assure Eric Nicollet, responsable Qualité du groupe Seb.
Mais comment est-ce possible puisque la matière première achetée pour garnir les poêles, le PTFE (polytétrafluoroéthylène, polymère qui compose le Téflon), peut toujours contenir du PFOA (à ce jour, 30% de la matière achetée présente encore des traces, indique Seb)? Grâce au procédé de fabrication, nous explique-t-on: » Le revêtement est fritté à une température de 415°C pendant environ 5 minutes. La température d’ébullition du PFOA est de 190°C. Cette température est donc largement dépassée lors du frittage du PTFE, et ce pendant plus de 10 minutes. Ceci explique qu’après cette opération de cuisson, les produits Tefal sont exempts de PFOA. «
Vraiment pas de PFOA ?
Un dossier de 60 Millions de consommateurs daté de mars 2010 va dans ce sens: les tests menés par les techniciens mandatés par le magazine n’ont pas permis de détecter de traces de PFOA dans les revêtements anti-adhésifs de plusieurs marques. Et quand bien même une poêle en Téflon contiendrait des traces de PFOA, l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), en 2009, considérait comme négligeable le risque pour la santé, indiquant que même dans des conditions d’utilisation intensive, la DJT (dose journalière tolérable) est loin d’être atteinte.
Pas de quoi rassurer Marie-Monique Robin, auteure de Notre Poison quotidien (disponible en DVD). Dans ce documentaire, elle dénonce justement ces autorités sanitaires incapables de reconnaître que les perturbateurs endocriniens comme le PFOA peuvent avoir des effets même à très faibles doses. » Ce qui est impressionnant, comme le montre plusieurs études, c’est que nos organismes sont imprégnés de PFOA, mais aussi de bisphénol A, de phtalates… Et ces molécules interagissent, mais les autorités sanitaires ne s’en préoccupent pas! Si on continue comme ça, dans 20 ans ou 30 ans, ce sera une vraie hécatombe, avec une explosion des cancers et des maladies neurologiques. « En outre, le PTFE, le polymère de base du Téflon, dégage des substances toxiques à haute température (quand on oublie la poêle vide sur le feu par exemple).
Conclusion: au rayon Téflon, choisissez un produit garanti sans PFOA et veillez à respecter les conditions d’utilisation. Il est également préférable de vous débarrasser de vos anciennes poêles et casseroles recouvertes d’un Téflon qui n’est pas garanti sans PFOA, en particulier si le revêtement est abîmé ou rayé (le contact des aliments avec l’aluminium est fortement déconseillé, il favoriserait l’apparition de la maladie d’Alzheimer).
Alternatives anti-adhésives ou non
Il existe bien sûr d’autres solutions. Certes, les revêtements anti-adhésifs en céramique (à base de silice) » glissent » un peu moins que le Téflon, mais ils sont a priori moins nocifs… A condition de bien choisir : préférez un revêtement garanti sans métaux lourds (des modèles d’entrée de gamme peuvent contenir du plomb, du cadmium, du chrome…). Par ailleurs, il a été dit que des nanoparticules, dont on connaît mal les effets sur la santé, sont utilisées par les fabricants du revêtement, souvent sud-coréens. » C’est vrai, mais il n’y a plus aucune nanoparticule à l’arrivée « , assure Amaury Baghat, dirigeant de Karis (marque Aubecq), qui se dit prêt à fournir aux associations de consommateurs des documents qui l’attestent.
Enfin, on peut aussi renoncer aux revêtements anti-adhésifs et opter pour l’inox de qualité (le dosage 18/10 – 18 % en masse de chrome et 10 % en masse de nickel – est recommandé) ou pour la fonte non émaillée (l’émail contient du plomb). Mais attention, soyez raisonnable : n’utilisez pas plus de graisse pour la cuisson qu’avec un revêtement anti-adhésif, car ce n’est pas bon pour votre organisme…